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26 avril 2017

Le diktat vicieux des étiquettes


Les étiquettes. Celles collées à notre image, derrière nos jeans ou sur nos boites de conserve. Elles sont partout, elles nous informent et nous conditionnent : nous sommes devenu les esclaves de nos propres inventions.

Je suis devenue dépendante de ces trois formes d'étiquettes. Si une affichait un "S" j'avais ce sentiment victorieux de me sentir mince le temps d'une petite lettre. Si elle indiquait "sucre" dans mes courgettes, je reposais la boîte sans un regard sur l'étagère en me répétant que ça m'étais complètement interdit. Et si par malheur je les mangeais alors je culpabilisais aussi tôt d'avoir ingurgité du sucre ajouté. Ces deux étiquettes combinées donnaient inévitablement le mélange si banal d'une fille normale et complexée.

Comment quelques tailles de vêtements, dites "standard", peuvent-elles englober la totalité des corps féminins, présumés uniques ? Actuellement j'oscille entre trois d'entre elles. Et mon humeur dépend entièrement de celle qui va réussir à contenir mon corps. Les phases de la boulimie m'obligent à avoir deux dressings particuliers : un pour les phases orthorexiques (où je maigri) et un autre pour les phases hyperphagiques (où je grossi).

Les boutiques sont devenues un calvaire : mon visage se fermait complètement, et je me retrouvais là entourée de gens qui fourmillent dans une joyeuse danse entre portants, cintres, miroirs et cabines. Les larmes montaient indépendamment de ma volonté, et une phrase tournait en boucle comme si c'était ma chanson préférée : "Je pourrais tout porter quand je serais mince". Je sortais dépitée du magasin avec un amour propre proche de -20 et et une journée déglinguée. Je me souviens très clairement de la dernière fois que j'ai ressenti ça, c'était fin février. J'avais rendez vous avec ma maman à Châtelet pour une sortie ciné. Je lui avais dit que j'avais besoin d'un bas de maillot de bain pour nos vacances cet été alors on est allée chez New Look. Je me suis dirigée vers les portants, j'ai pris ce que je voulais et je me suis retournée pour passer en caisse. Avant d'arriver dans la file, le temps s'est arrêté dans ma tête. Mon regard a croisé dans le miroir celui d'une fille que je ne reconnaissais plus. Jean mom, baskets et encore un sweat trop large, pas de maquillage et une queue de cheval. Où étais-je passée ? Qu'avais je fais d'Aurélie ? J'ai paniqué, je me suis dit que je ne méritais pas d'être là et je suis sortie très très vite sans rien acheter.

J'essaye maintenant de faire abstraction des tailles, car si mon corps peut rentrer dans un short taille S aussi bien que dans un jean taille L c'est bien parce que c'est le même, il ne change pas entre deux boutiques. Pour autant, j'ai encore du mal à décrocher des étiquettes nutritionnelles. J'ai tellement tout vérifié, j'ai même testé les applications compteurs de calories pendant un temps. Je voulais tout mettre en oeuvre pour que "ça marche". Et durant plus d'un an j'ai regardé tous les jours même sur des boites de conserve, le nombre des calories, le taux de masse grasse, celui du sucre, celui des glucides... Je calculais tout et pourtant je n'ai pas perdu 10 kilos.

Mais ai-je nécessairement besoin de perdre des kilos ? Ces dernières étiquettes, celles qu'on collent sans connaitre, sont surement les plus dévastatrices et à l'origine des troubles alimentaires. De mes plus lointains souvenirs, je me souviens avoir été une petite fille pas mince, pas grosse encore moins obèse, simplement dans la norme. Pas très jolie mais "pas horrible non plus". Au collège, j'avais ma bande et secrètement je rêvais d'être comme elles : fine, belle et sûre de moi. Ça m'a toujours beaucoup importé de savoir comment les gens qui évoluaient autour de moi me trouvais quitte à me reprocher d'être superficielle. Jamais d'insultes, quelques sous-entendus qui ont suffit à me faire culpabiliser d'être seulement dans la norme.

En revanche, je suis certaine que pour tous les autres qui ont été plus gros que moi à l'école, ou très minces malgré eux et ceux victimes de harcèlement l'impact a été bien plus rude. Même si la société nous colle automatiquement une étiquette sur le front à la naissance de part les origines, la classe sociale ou le climat familial, celles qui font parfois le plus mal sont celles qui nous tombent dessus sans prévenir. Comme celle que ma gynéco m'a collée l'année dernière en me disant très calmement que j'étais en surpoids, que j'étais trop grosse pour mon IMC alors que je tentais si furieusement de maigrir. Je ne veux plus être victime de ces étiquettes, je veux être patronne des miennes.
19 mars 2017

La boulimie



Après avoir écrit l'article "mon combat contre l'hyperphagie" j'ai décidé de rédiger un nouveau texte sur le mal qui me ronge parfois. Parce que c'est dur, parce que c'est long et que l'écriture est un joli médicament temporaire.

La boulimie, c'est un truc pas cool qu'on attrape dès nos plus jeunes années. Un trouble, un excès qui est en fin de compte reconnu comme maladie. Trop souvent, on croit que c'est lié aux vomissements et le monde à tord : la boulimie en plus d'être tenace, c'est complexe. Dans l'univers des troubles alimentaires ont retrouve des catégories distinctes comme les fondations d'une maison et puis les finitions, les détails dont on s'occupera plus tard par ce qu'à première vue ça n'a pas l'air si grave.
 Les jeunes filles sont sensiblement touchées mais les hommes sont oubliés.

Je suis boulimique. Boulimique hyperphagique à tendance orthorexique exactement. Ce nom à rallonge qui met enfin des mots sur les ressentiments. Au début, on pense que c'est seulement le corps qui est affecté comme si on voulait faire croire que l'esprit est déconnecté. Et ensuite on comprend que c'est uniquement psychologique. C'est à ce moment précis qu'on a cette impression de devenir fou. "Mais alors est ce que je suis tarée?". On se pose mille et une questions et la seule réponse sur laquelle on se met d'accord c'est qu'il est temps de guérir.

Je ne suis pas obèse. Je ne suis pas maigre. A première vue, j'ai un corps banal. La société ne me trouve pas vraiment grosse, juste "normale". Un mot qui revient sans cesse et qui nous conforte dans l'idée que quelque chose cloche sans que nos proches n'osent nous l'avouer. Certains pensent que tu es seulement un peu trop gourmande, les autres que tu ne te dépenses pas assez. Depuis mon adolescence, mon enveloppe corporelle joue au yoyo : il grossit, maigrit puis regrossit en fonction de mes phases boulimiques. Je n'ai le contrôle de rien et c'est terrifiant. Je ne suis pas accro à la nourriture, j'en suis dépendante en fonction de mes émotions. Lorsque j'ai écrit l'article précédent, je me sentais un peu mieux dans mon corps et à quel prix ? J'ai même essayer pendant un mois d'éviter sucre, sel et mauvais gras tel un sevrage inutile. Suite à cet essai catastrophique, s'est succédé deux phases hyperphagiques dans lesquelles j'ai eu beaucoup de mal à sortir. Me revoilà quasiment au point de départ. Entre temps, j'ai entamé une thérapie en hôpital.



Comment la majorité peut comprendre un mal qui nous ronge sans pour autant prendre ça pour de l'empathie et du mensonge ? Très longtemps, j'ai voulu me mentir ; le vomissement était la faible barrière à ne pas franchir pour ne pas sombrer dans les travers de la maladie. En réalité, je le suis depuis presque toujours, seulement les symptômes sont ressortis quand on prend conscience de l'impact du beau autour de nous. La société est-telle coupable, les gens le sont-ils ou alors est ce que ce sont mes parents ? On a beau chercher des éléments déclencheurs, finalement ce qui compte c'est comment on va s'en sortir et pas comment ça a pu te tomber dessus. Avant je ne parlais jamais de ces crises à répétition. La honte s'engouffrait dans le flot de la culpabilité. Il fallait que je relativise, je devais relativiser car j'avais tout quand d'autres n'avaient rien. Comment oser se plaindre d'une prétendue maladie sans répercutions physiques quand j'ai eu le droit de naître dans une famille relativement saine, un toit sur la tête, l'accès à l'éducation et le frigo remplit toutes les semaines ?

Nos actes sont influencés par qui nous sommes à l'instant T de ces actions. J'ai souvent peur de temps, encore plus quand je vois fleurir cette image de moi à 40 ans, une vie vide de sens, un corps rempli de gras et un sourire si artificiel scotché en plein milieu d'un visage tellement triste. Comment réussir à expliquer ce phénomène sans paraître faible, superficiel et égoïste ?  Je hais mon corps. Je le déteste au point de pleurer parfois honteusement face au reflet du miroir, de faire des crises de panique dans les magasins sans comprendre pourquoi ce que j'adorais autrefois est devenu un fardeau. Je n'ai plus envie de sortir. Plus envie de parler, parce que tout ce que j'aimerais dire c'est hurler au monde que je ne vais pas bien, que c'est constant, que ça me consume et que ça ne s'apaise jamais.

Il n'y a pas de description figée à ce sentiment, pas de douleur physique. Simplement, des pensées qui tournent et qui s'arrêtent pour finalement repartir du début sans continuer leur chemin. Comme ton vieux disque de rock qui après deux bons morceaux et le début du 3ème, ton préféré, stoppe et se bloque pour s'en aller vers la piste 1. Ma vision du monde est malgré moi manichéenne d'une certaine façon : les minces ont réussi, les gros sont destinés à l'échec et je suis dans la deuxième catégorie. Je n'ai jamais appris à m'aimer à ma juste valeur, j'ai toujours entendu qu'il fallait toujours se remettre en question pour s'améliorer sans essayer d’apprécier la personne que l'on est dans sa globalité. Cette sensation que rien ne t'ai mérité. Se rabaisser en rigolant avant même que la personne en face n'ai eu le temps de sortir le moindre mot. Se cacher. Ne pas oser. Ne pas se plaindre. Eviter les regards. Avoir honte.



Mais l'essentiel, c'est que la boulimie on peut s'en sortir. A 21 ans, j'ai décidé que ma vie venait à peine de commencer. Qu'il est encore temps pour ne pas la gâcher. On a le droit de ne pas être ok. On a le droit de ne pas être parfait. On doit relativiser tout en faisant face à nos problèmes existentiels. A 21 ans, je sais que mon corps va encore changer. Je n'ai plus peur d'en parler, plus honte de prononcer les mots interdits. A tous ceux qui sont atteints de TCA, parlez-en. Et en attendant, aimez-vous.
28 décembre 2016

La confiance

Crédit photo : Pinterest



Hello! Je ne sais pas trop ce qui me prends, je me suis posée devant mon écran d'ordinateur et j'ai ouvert la page du blog. Très vide... Pourquoi le laisser à l'abandon ? J'ai alors décidé, sur un véritable coup de tête, d'écrire mes états d'âme sur des choses qui me tiennent à cœur, des sentiments, un film, une série, enfin les trucs que je kiffe plus ou moins. J'avais déjà fait ça sur les baskets et à vrai ça m'avait plutôt plu. Après tout, l'écriture c'est une de mes premières passions et mon futur métier non ?  Et j'avais vraiment envie d'aborder un thème un peu délicat qui colle assez avec mon précédent article sur l'hyperphagie.

La confiance. En général, j'aime commencer des articles par leur définition, leur sens général un peu comme la vérité absolue du mot. Mais comment résumer la confiance à une seule et petite définition dans un tout petit coin du Larousse perdu entre tous ses confrères du français... La confiance s'est inné mais ça peut s'apprendre, ça se donne et ça se reprend, ça s'acquiert, ça se construit tout au long d'une vie.

Comment expliquer que certains possède une excellente confiance en soi pendant que d'autres sont dénués de cette compétence ? Car,oui la confiance c'est à mon avis une compétence. Un truc qui nous ait donné au berceau et qu'on s'approprie : c'est comme être meilleur en maths qu'en orthographe, les compétences ne sont pas les mêmes, et pourtant on naît tous à un stade quasiment égal (je préfère partir de ce point de vue là, un nourrisson naît et avec l'apprentissage de l'école, ses préférences culturelles ainsi que son éducation il parfaire ses compétences).

Je vais vous faire part de mon expérience : depuis aussi longtemps que je me souvienne je n'ai jamais eu confiance en moi mais je l'accordais beaucoup très vite et trop tôt aux autres. J'étais assez crédule et pas vraiment méfiante ce qui m'a valu plusieurs déceptions au fil des années. Je n'ai jamais été obèse, ni mince. J'étais simplement une fille avec plus ou moins de formes selon les périodes : un peu en surpoids au collège, plus mince au lycée puis à nouveau un peu plus ronde durant mes études supérieures. Je me souviens très bien, malgré les complexes, j'osais porter robes, jupes et débardeurs sans aucun soucis. Vous pouvez lire les détails de mon expérience et de ma "maladie" sur l'article précédent consacré à l'hyperphagie.

Maintenant, quoi que les gens me disent je n'accepte plus rien. Les "Oh tu as maigri bravo!" ne parviennent pas jusqu'à moi, et se heurtent à l'énorme barrage dénommé "CONFIANCE". Mais aujourd'hui également, je peux dire que je suis consciente d'avoir un problème. C'est finalement assez flippant, on pense qu'on est pas normal, qu'on est taré mais comme toujours il y a un déclic : le jour où je me suis aperçue que je n'arrivais même plus à sortir de chez moi pour aller boire un verre avec des amis ou simplement aller en cours. C'était tellement important qu'une phobie sociale s'est développée. Est-ce-que je suis étrange ? Sûrement. Mon esprit me renvoyait sans cesse : "mais qu'est ce que les autres vont penser ?" "t'es trop grosse de toute façon". Finalement c'était facile, je me suis presque coupée du monde et je me limitais à l'école et à la salle de sport quand j'avais un peu de temps.

La confiance, c'est un truc que beaucoup disent avoir perdu dans cette société, cette génération. Plus confiance en son mec, plus confiance en la politique, plus confiance envers les flics, plus confiance, plus confiance, plus confiance. Et c'est à partir de ce moment précis que toute cette négativité renvoyait le mal-être de notre génération justement : le manque de confiance en soi.

Encore aujourd'hui je suis bloquée dans cet engrenage, mais je sais, j'en suis sûre, que je finirais par m'en détacher. Aussi bien que le manque de confiance en soi est un phénomène, apprendre à faire confiance en est un tout aussi massif : les deux se complètent.

Si vous avez confiance en vous-mêmes, vous inspirerez confiance aux autres.
Goethe


23 septembre 2016

Mon combat contre l'hyperphagie



Hola!! J'espère que vous allez tous bien. J'avoue j'ai carrément déserté, plus l'envie, plus le temps et tout un tas d'autres excuses. Parmi elles, il y a surtout un complexe et sûrement la principale raison de la pause du blog. C'est donc un article long et totalement personnel que je m'apprête à rédiger. Je vous invite alors à continuer la lecture pour en savoir davantage sur mon parcours, ou a quitter la page si à l'inverse ce contenu ne vous intéresse pas.

Comme indiqué dans le titre, vous avez pu lire le mot "hyperphagie". Mais qu'est ce que c'est exactement?

L'hyperphagie est considérée comme un trouble du comportement alimentaire. On peut aussi parler de "boulimie non vomitive". en voici une définition concrète : L’hyperphagie est très semblable à la boulimie en ce sens qu’elle implique la prise d’aliments en quantités importantes sur une courte période de temps. Contrairement à la boulimie, l’hyperphagie exclut les stratégies de contrôle du poids que sont les vomissements, la prise de laxatifs ou un régime restrictif « efficace ». La prise alimentaire hyperphagique est suivie d’un sentiment de honte et de culpabilité, encore amplifié car le patient souffre souvent de surcharge pondérale ou d’obésité. (tiré du site Docteur Bagot). Ce trouble peut donc être lié à l'anorexie qui en retire les conséquences inverses ainsi que, comme je le disais plus haut, à la boulimie. 


Mon parcours :

Je souffre d'hyperphagie depuis l'âge de mes 13 ans. Sans savoir comment ça a commencé, pourquoi, ni même ce que c'était à l'époque. J'habite tout près de mon collège, presque 5 minutes à pied, génial pour partir le matin puis rentrer le soir. Mes horaires sont plutôt cools, je rentre assez tôt et tout de suite j'ai faim : alors je mange. Au début normalement, puis les quantités sont de plus en plus grosses. Je n'ai jamais été une petite fille très très ronde, j'étais un peu moins fines que mes copines mais sans voir véritablement de différence. Je ne saurais jamais pourquoi l'hyperphagie s'est déclenchée.

 Mes souvenirs se raccrochent à des jours, souvent après l'école, à manger tout ce qui me passait sous la main (sucré comme salé, tout et n'importe quoi du moment que c'était gras et "bon"). Je me rappelle également de ses soirs passés en larmes devant mon miroir sans comprendre que ce cercle vicieux ne faisait que débuter. Mes parents me grondaient :  je piquais dans les placards, dans les réserves de chips et autres gâteaux apéros mais je continuais poussée par le besoin voire la nécessité de manger. Finalement, ces moments sont devenus récurrents et je m’empiffrais à m'en faire mal au ventre presque tous les jours.  Vomir ? Hors de question. J'en étais incapable, j'avais peur, je ne voulais pas franchir la barrière de la "boulimie", ce mot effrayant et presque interdit. C'est comme ça que j'ai pris du poids. D'une petite fille normale, je suis devenue une ado en surpoids. Je n'ai jamais touché de près comme de loin l'obésité et je le dois en partie encore une fois à mes parents qui ont toujours eu une alimentation aussi saine que possible. Je ne les remercierais jamais assez pour ça, ils m'ont évité l'obésité et le diabète que j'aurais pu atteindre aux vues des quantités de sucre ingurgitées. 




J'ai toujours eu des amies, je ne me suis jamais totalement renfermée sur moi-même. Pourtant, je mangeais encore et encore, preuve d'un mal-être que je ne pouvais pas vraiment définir. En 4ème, je fuyais tous les miroirs, je détestais toutes les photos que ce soit simplement du portrait de famille à la photo d’anniversaire entre copines. Je m'auto critiquais sans cesse (encore plus que maintenant, je vous assure que c'est possible!) et je n’identifiais toujours pas le problème. J'étais persuadée d'être "condamnée" à vivre jusqu'au bout dans ce corps qui me dégouttais, sans penser qu'il existe une solution. Les mots régimes et sport étaient associés à la privation et l'effort,  choses qui me rebutais fortement. Pour autant, j'essayais d'assumer ses "formes"  et je m'habillais comme j'en avais envie. Le lycée est arrivé et j'ai vécu la seconde et cette période comme une libération. Nouveau lieu, nouvelles personnes et nouvelles rencontres je me sentais revivre. Les regards malintentionnés ne pourrissaient plus mes journées. Je me souviens encore très bien de cette année 2011/2012, qui fut ma préférée durant ces 3 ans. Lors de ce changement, mes crises ont diminué mais ne se sont pas stoppées.


 En l'espace d'un an j'ai fondu. Je suis passée de 57 kilos à 52 voire 50 parfois, les gens me disaient que j'avais perdu mais je ne les écoutais pas, obnubilée toujours plus par le miroir. J'avais un corps "moins gras" mais absolument pas musclé, comme quoi la balance devrait être abolie. Jamais satisfaite, je ne faisais que 1h30 de danse par semaine et les heures imposées du lycée. J'ai trouvé la muscu ridicule jusqu'en 2015. Suite à un choc émotionnel qui m'a particulièrement affecté durant de nombreux mois (je ne parlerais pas des raisons, tout simplement car ça n'est pas l'objet de cet article) la nourriture est resurgi une seconde fois. C'est à ce moment là que mon corps a connu son plus gros yoyo : la première période a été rythmée entre privation de repas (le matin ou très souvent le midi) et quelques crises. Finalement je m'en suis remise. Un peu trop d'ailleurs puisque je n'avais aucune notion de ce que j'avalais. Un exemple concret ? Le matin je pouvais manger 3 tartines de Nutella, deux bols de céréales Trésor, un chocolat chaud et deux verres de jus d'orange...ous vous doutez bien que j'ai repris le double de ce que j'avais perdu auparavant. Petit à petit, mes anciens pantalons me serraient, je ne pouvais même plus fermer le bouton de certains. 




Le déclic

Au mois de mai 2015, j'ai eu une révélation :j'ai voulu essayer un jean chez Zara dans une taille 38 et je pouvais à peine le monter. Dans la cabine, j'ai eu une sorte de choc, pourquoi m'infliger ça ? Combien de fois ai-je pleurer dans ces cabines ? C'est à partir de là que j'ai décidé qu'il fallait radicalement changer. Je me suis alors mise en quête de savoir, sur l'alimentation et j'ai très vite été perdue. J'ai par la suite entendu parlé du Top Body Challenge de Sonia Tlev, ce programme de trois mois qui avait l'air miraculeux. La fille non sportive que j'étais a tenté. C'était début juin, j'étais donc persuadée d'obtenir le corps que je voulais enfin depuis tant d'années pour l'été 2015. J'ai très vite été déçue, je ne mangeais pas comme je pourrais le faire aujourd'hui et j'ai également découvert mon métabolisme, lent. Je le conseille toutefois aux premiers débutants dans le monde du fitness : les exercices sont assez simples à réaliser, le matériel demandé est moindre et il apprend les toutes premières bases. Je n'ai pas eu les résultats attendus et arrivée en vacances dans le sud j'ai tout de suite oublié le fitness, la nutrition et j'ai immédiatement regrossis.


 Déjà dans mon esprit tout était clair : je m'interressai de plus en plus à la FitFam ! En septembre, c'est donc tout naturellement que je me suis inscrite dans l'association de musculation de ma petite ville, qui se situe tout près de la maison. Au départ très intimidée j'ai commencé par le cardio, le vélo elliptique (que j'adore toujours!). Puis plus en confiance j'ai voulu tester les cours collectifs. Le coach était vraiment adorable et hyper motivant j'aimais particulièrement le bodypump du mercredi soir et samedi matin. Du côté de l'hyperphagie, j'ai eu des périodes à vide sans crise puis des soirs de perte de contrôle. Une chose est certaine : grâce au fitness et maintenant à la muscu, j'arrive à me contrôler bien plus qu'avant. Le fait d'avoir la volonté de changer et de vouloir bien faire obligent à manger sainement. Ce n'est plus une contrainte, j'ai appris a aimer savourer des légumes, du poulet, des flocons d'avoine ou du quinoa. Pourquoi ? Car on sait que c'est par ces aliments que nos résultats seront optimaux.





Au delà de l'esthétisme et de la confiance en soi il y a la santé. Notre santé qu'on oublie trop souvent. Les troubles du comportement alimentaire sont catégorisés comme maladie. Une fois que j'ai pris conscience que le mauvais gras et le mauvais sucre n'étaient que néfastes j'ai arrêté les gâteaux industriels, je ne sale presque plus mes plats, je ne rajoute aucune sauce pour privilégier les herbes et les épices, j'essaye de réduire expressément ma consommation de sodas pour augmenter celle de l'eau et je ne mets plus les pieds dans les fasts foods ( mes derniers McDo datent de décembre 2015 et avril 2016, le KFC septembre 2015 et les autres... non merci). Hélas, l'hyperphagie est toujours présente, je gâche continuellement certains efforts pour venir les ruiner à coup de crises. Je peux toujours manger sans distinguer la faim de la satiété, mon estomac est toujours trop élargi et je veux absolument prendre le dessus sur cette maladie que je n'ai prise en compte bien trop tard.

Aujourd'hui ??

Avant je parlais de crises, puis j'utilisais le terme boulimie non vomitive et maintenant je parle en tant qu'hyperphagique, n'ayant découvert ce mot qu'il y a peu. Quelques amis connaissaient "ces crises", mais mes parents n'étaient pas au courant. J'en avais tellement honte, que je me cachais toujours pour manger compulsivement jusqu'au jour où frustrée et fatiguée j'ai tout avoué à ma mère. Je vais le dire, j'avais peur de sa réaction, peur de ses mots... Peur qu'elle ne me croit pas, simplement. Comment comprendre une personne qui dit manger compulsivement comme si c'était un calvaire et en plus qui affirme en souffrir depuis le début de son adolescence ? J'ai été très surprise que mes parents me soutiennent. J'appréhendais tant, que je me suis mise une pression monstre sur les épaules. Ils ont pris ça très au sérieux et m'ont même proposer de l'aide. Depuis fin aout je suis inscrite dans une nouvelle salle à Paris, neoness où j'ai débuté la musculation en continuant une à deux sessions cardio par semaine. J'aime ce sport, j'aime me dépasser, j'aime me défouler : la musculation canalise énormément mes angoisses, mon énergie et un tas d'autres trucs qui sont bien au dessus de ce que je ressens.


 J'ai passé l'année 2016 avec la plupart du temps des vestes très longues, des leggings et des sweats hyper larges en oubliant presque ma féminité. Je voulais tellement changer que j'en ai oublié de prendre le temps. Je me suis cachée, refusant de me montrer temps que mon corps ne me conviendrait pas... Voilà pourquoi, j'ai arrêté le blog. Je me sentais au plus mal, je n'arrivais plus à m'habiller, j'étais sûre que j'étais trop grosse pour tout. Aujourd'hui encore, je ne supporte que peu les jeans, je ne porte pas de robes mais mon objectif est bien réalisable et c'est avant tout celui là. Le souhait dont je rêvais étant plus gamine, est à ma portée, enfin. L'année 2016/2017 sera mon année, et je ferais tout pour qu'elle le devienne. Je vais me donner les moyens : je compte commencer un programme de musculation bien précis en octobre puis débuter un plan alimentaire personnalisé en coaching sur six mois pour avoir les véritables bases d'une alimentation saine et enfin parler de l'hyperphagie. Je vous mentirais en vous disant que tout est simple, qu'il suffit d'un peu de volonté.


 Depuis quasiment deux semaines je suis en période de crise, je me sens honteuse, je mange presque tous les soirs sans comprendre après les repas (PAS CE SOIR). Pourtant j'avais réussi à tenir un mois sans aucune crise, j'étais fière... Mais ce qui est différent aujourd'hui, c'est que je sais que j'ai les cartes en main. Ce n'est plus l'hyperphagie qui me contrôle mais bel et bien l'inverse : c'est moi qui peut prendre le dessus sur ce TCA. 


J'ai crée un compte instagram sur le fitness : aureoenfitness N'hésitez pas à me suivre! 


Septembre 2011 VS Aout 2016


Mes conseils : 

- Parlez-en. Ça peut paraître tellement évident. Et pourtant je sais combien on peut avoir honte... Le soutien, c'est le plus important. Soyez bien entourés...
- Ne pas se mettre une pression permanente : Une crise d'hyperphagie doit être rapide, d'où le terme "compulsif" employé. Se lancer dans un rééquilibrage demande de la patience, il est inutile (à mon avis) de supprimer toutes vos mauvaises habitudes alimentaires d'un coup. Petit à petit, il faut réduire le matin, puis le midi et enfin le soir. Si vous craquez, sachez que c'est normal. Même si on veut changer, on reste des humains qui plus est addicts aux sucres. Ne soyez pas trop durs avec vous même...
-Prenez des radis ou des tomates cerises en cas de crises : C'est le médecin qui m'a donnée cette astuce lorsque j'ai été la consulter pour avoir son avis. En effet, lors d'une crise on mange tout, dans un laps de temps très court. Si vous sentez une envie très forte de criser, alors faites-le mais intelligemment. Les radis sont petits, ronds comme des bonbons. 
-Essayez les assiettes à dessert : Cette fois-ci c'est une instagrammeuse (emmeline_fitness que je remercie) qui m'a donné l'idée et à laquelle je n'avais jamais pensé. A la place d'une grande assiette, pourquoi ne pas prendre une taille plus petite? Particulièrement le soir, où il est conseiller de manger moins. Les plus petites assiettes seront quand même remplies mais vous permettront de manger une quantité moins grande sans que le cerveau en ait conscience. Si vous sentez que la faim ne se fait plus sentir alors ne finissez pas toutes vos assiettes, écoutez-vous.
-Renseignez vous auprès d'un spécialiste :  Si vous avez le budget, je ne peux que vous encouragez surtout si vous souffrez d'anorexie, boulimie, hyperphagie... Il est important de réapprendre à manger pour vaincre les crises.
-N'achetez plus aucune tentation ou demandez à une personne de votre famille de les cacher :  Ça fonctionne pour moi!! Vivant toujours chez mes parents, ma maman a décidé de cacher tous les gâteaux, brioches et autres qu'elle achète pour mon frère de 16 ans sans que je sache où. Pendant mes crises, j'ouvre le placard habituel et je ne trouve plus ce que je veux, chercher me décourage puisque l'envie est là tout de suite. Evidemment, si vous habitez seuls, faites les courses de façon raisonnable. 
- Buvez une boisson bien chaude ou lavez vous les dents : Prenez un thé vert de préférence. Pour ma part, les infusions et thés coupent mes envies et me remplissent l'estomac correctement. Si vous ne pouvez pas faire chauffer de thé, lavez vous les dents et buvez beaucoup d'eau! 


Pourquoi cet article ? 

J'ai voulu écrire à cœur ouvert, non pas pour me plaindre ou me faire plaindre loin de là. J'ai eu une enfance heureuse, une éducation dont je suis fière. J'écris pour aider les autres mais aussi pour m'aider moi. Je n'ai jamais eu d'estime de soi et c'est en partie lier à ce problème du comportement alimentaire. Alors, actuellement je suis prête, déterminée à battre l'hyperphagie et trouver un équilibre qui me rendra heureuse. Je suis motivée à trouver une confiance que je n'ai jamais encore connu. Je veux pouvoir marcher dans la rue sans systématiquement penser que les gens me fixent car je suis trop grosse. Grosse, ce mot que je me suis répétée tant de fois. Chaque repas pris en public, au restaurant, à la cantine, j'avais la sensation que les gens scrutaient mon assiette ou mon plateau car j'étais grosse, alors je ne pouvais rien me permettre. A bientôt 21 ans, j'aimerais que ça s'arrête. Je voudrais simplement être une nana bien dans sa peau et à l'aise dans ses baskets (qui est le thème principal du blog non haha?).

J'espère avoir pu aider, j'espère que certains se sont reconnus dans mes mots, je ne cherche pas de la compassion, seulement de la force. J'espère surtout que ça vous aura plu même si c'était long, même si j'ai passé des heures à écrire, même si j'ai sorti tout ce que j'avais sur le cœur et dans l'esprit.