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02 mai 2017

L'orthorexie ou l'influence des réseaux sociaux




Je suis née en 1996, l'année de la Macarena et de Wannabe,  de la sortie de Toy Story et de la mort de François Mitterrand. Issue de la génération Z, j'ai grandi et évolué avec les débuts d'Internet, MSN, Daily Motion, les téléphones portables, YouTube, Facebook, la 3G puis la 4G, les DVD et le Blue Ray.

Aujourd'hui je suis ultra connectée, comme peut-être toute ma génération. J'ai facebook, twitter, instagram, pinterest, tumblr, snapchat, spotify... Les réseaux sociaux sont pratiques, narcissiques, addictifs. Et c'est aussi grâce à eux que j'ai décidé de perdre du poids, il y a deux ans maintenant, durant le mois de mai 2015.

A l'époque j'avais découvert Sonia Tlev et son TopBodyChallenge, son instagram et toutes ces transformations incroyables. Alors, j'ai voulu acheter son programme, ce que j'ai fait le mois d'après. J'ai lu des milliers de posts instagram en deux ans, liké des dizaines de pages facebook et acheté 3 programmes de sport. J'étais persuadée que mon combat était le bon. Mais un contre temps s'est ajouté puis imposé à toute ma bonne volonté et j'ai découvert l'orthorexie. Et ça, ça n'était pas prévu.

Je vais surement m'attirer les foudres en écrivant ces lignes, ce trouble alimentaire étant seulement reconnu par le corps médical depuis peu. L'orthorexie est donc un trouble du comportement alimentaire que se caractérise par une obsession de la nourriture totalement saine en rejetant toutes  formes de transformations possible. C'est ce que je suis devenue malgré moi.

Ça a commencé en me renseignant sur les aliments trop calorifiques, trop sucrés puis sur ceux dit "interdits". Aux rythme de mes lectures que je croyais saines, je me refusais de plus en plus de choses au profit d'autres aux indices glycémiques bas. Ça s'est terminé par une obsession pour toutes les étiquettes nutritionnelles, du paquet de céréales aux flocons d'avoines, des haricots verts aux boites de légumineuses. J'étais constamment en quête du moindre sucre caché, à la chasse aux matières grasses : à la fin de l'année 2016 j'étais dans une telle spirale que le seul petit plaisir que je m'offrais se trouvais à fin de mes repas, un carré de chocolat noir 90% qui devenait complètement vital sans que je comprenne vraiment pourquoi.

Tous les soirs à table je combattais mes parents. Du taboulé, non surtout pas de glucides le soir, des raviolis, quelle torture... Je suis devenue machinale, convaincue que manger était uniquement un acte humain nécessaire et non un plaisir. J'étais persuadée d'avoir trouvé mon mode de vie idéal. Je suivais de plus en plus de compte motivation, je lisais de plus en plus de conseils "diétiétiques" en me répétant que si mes résultats étaient si lents c'était parce que je ne me privais pas encore assez, j'étais capable de mieux.

L'engrenage c'est retourné contre moi. J'ai refusé presque toutes les sorties avec mes amis, culpabilisé au moindre bout de pain ingurgité. J'alternais entre crises boulimiques honteuses et phases orthorexiques sévères en tentant de faire toujours plus. Sans aucune émotion, je contemplais les broccolis vapeur, quinoa et lentilles en étant sûre de vouloir tout faire pour maigrir. En novembre ça s'est intensifié et en décembre mon corps ne suivait plus et non, le mental ne m'a pas soutenu cette fois. J'étais épuisée de toutes les façons, et le yoyo tant redouté s'est enclenché. Moi, tellement anxieuse de grossir, presque phobique de manger un peu de gras j'ai vu mon corps se transformer à nouveau, abîmé par autant de privations et de maltraitance.

Aujourd'hui, je lis toujours les posts instagram. Je like toujours des photos motivation. Il m'arrive encore sans pouvoir m'en empêcher de pencher la tête vers une petite étiquette. La différence, c'est que je me suis désabonnée de s comptes prônant la maigreur et j'ai choisi de suivre des personnes ayant plus ou moins la même morphologie. Je n'ai plus peur de manger un peu de fromage, je suis moins obsédée par le chocolat, je tente de trouver cet équilibre que j'ai toujours cherché. L'épée de Damoclès qui planait au dessus de ma tête s'éloigne au fur et à mesure que j'avance vers la guérison. Ne croyez pas tout ce que vous lisez sur les réseaux. Ne tentez pas de "sèche" si vous n'êtes pas professionnel, faites ce qui vous fait envie et surtout faites le avec plaisir.


26 avril 2017

Le diktat vicieux des étiquettes


Les étiquettes. Celles collées à notre image, derrière nos jeans ou sur nos boites de conserve. Elles sont partout, elles nous informent et nous conditionnent : nous sommes devenu les esclaves de nos propres inventions.

Je suis devenue dépendante de ces trois formes d'étiquettes. Si une affichait un "S" j'avais ce sentiment victorieux de me sentir mince le temps d'une petite lettre. Si elle indiquait "sucre" dans mes courgettes, je reposais la boîte sans un regard sur l'étagère en me répétant que ça m'étais complètement interdit. Et si par malheur je les mangeais alors je culpabilisais aussi tôt d'avoir ingurgité du sucre ajouté. Ces deux étiquettes combinées donnaient inévitablement le mélange si banal d'une fille normale et complexée.

Comment quelques tailles de vêtements, dites "standard", peuvent-elles englober la totalité des corps féminins, présumés uniques ? Actuellement j'oscille entre trois d'entre elles. Et mon humeur dépend entièrement de celle qui va réussir à contenir mon corps. Les phases de la boulimie m'obligent à avoir deux dressings particuliers : un pour les phases orthorexiques (où je maigri) et un autre pour les phases hyperphagiques (où je grossi).

Les boutiques sont devenues un calvaire : mon visage se fermait complètement, et je me retrouvais là entourée de gens qui fourmillent dans une joyeuse danse entre portants, cintres, miroirs et cabines. Les larmes montaient indépendamment de ma volonté, et une phrase tournait en boucle comme si c'était ma chanson préférée : "Je pourrais tout porter quand je serais mince". Je sortais dépitée du magasin avec un amour propre proche de -20 et et une journée déglinguée. Je me souviens très clairement de la dernière fois que j'ai ressenti ça, c'était fin février. J'avais rendez vous avec ma maman à Châtelet pour une sortie ciné. Je lui avais dit que j'avais besoin d'un bas de maillot de bain pour nos vacances cet été alors on est allée chez New Look. Je me suis dirigée vers les portants, j'ai pris ce que je voulais et je me suis retournée pour passer en caisse. Avant d'arriver dans la file, le temps s'est arrêté dans ma tête. Mon regard a croisé dans le miroir celui d'une fille que je ne reconnaissais plus. Jean mom, baskets et encore un sweat trop large, pas de maquillage et une queue de cheval. Où étais-je passée ? Qu'avais je fais d'Aurélie ? J'ai paniqué, je me suis dit que je ne méritais pas d'être là et je suis sortie très très vite sans rien acheter.

J'essaye maintenant de faire abstraction des tailles, car si mon corps peut rentrer dans un short taille S aussi bien que dans un jean taille L c'est bien parce que c'est le même, il ne change pas entre deux boutiques. Pour autant, j'ai encore du mal à décrocher des étiquettes nutritionnelles. J'ai tellement tout vérifié, j'ai même testé les applications compteurs de calories pendant un temps. Je voulais tout mettre en oeuvre pour que "ça marche". Et durant plus d'un an j'ai regardé tous les jours même sur des boites de conserve, le nombre des calories, le taux de masse grasse, celui du sucre, celui des glucides... Je calculais tout et pourtant je n'ai pas perdu 10 kilos.

Mais ai-je nécessairement besoin de perdre des kilos ? Ces dernières étiquettes, celles qu'on collent sans connaitre, sont surement les plus dévastatrices et à l'origine des troubles alimentaires. De mes plus lointains souvenirs, je me souviens avoir été une petite fille pas mince, pas grosse encore moins obèse, simplement dans la norme. Pas très jolie mais "pas horrible non plus". Au collège, j'avais ma bande et secrètement je rêvais d'être comme elles : fine, belle et sûre de moi. Ça m'a toujours beaucoup importé de savoir comment les gens qui évoluaient autour de moi me trouvais quitte à me reprocher d'être superficielle. Jamais d'insultes, quelques sous-entendus qui ont suffit à me faire culpabiliser d'être seulement dans la norme.

En revanche, je suis certaine que pour tous les autres qui ont été plus gros que moi à l'école, ou très minces malgré eux et ceux victimes de harcèlement l'impact a été bien plus rude. Même si la société nous colle automatiquement une étiquette sur le front à la naissance de part les origines, la classe sociale ou le climat familial, celles qui font parfois le plus mal sont celles qui nous tombent dessus sans prévenir. Comme celle que ma gynéco m'a collée l'année dernière en me disant très calmement que j'étais en surpoids, que j'étais trop grosse pour mon IMC alors que je tentais si furieusement de maigrir. Je ne veux plus être victime de ces étiquettes, je veux être patronne des miennes.