Je suis née en 1996, l'année de la Macarena et de Wannabe, de la sortie de Toy Story et de la mort de François Mitterrand. Issue de la génération Z, j'ai grandi et évolué avec les débuts d'Internet, MSN, Daily Motion, les téléphones portables, YouTube, Facebook, la 3G puis la 4G, les DVD et le Blue Ray.
Aujourd'hui je suis ultra connectée, comme peut-être toute ma génération. J'ai facebook, twitter, instagram, pinterest, tumblr, snapchat, spotify... Les réseaux sociaux sont pratiques, narcissiques, addictifs. Et c'est aussi grâce à eux que j'ai décidé de perdre du poids, il y a deux ans maintenant, durant le mois de mai 2015.
A l'époque j'avais découvert Sonia Tlev et son TopBodyChallenge, son instagram et toutes ces transformations incroyables. Alors, j'ai voulu acheter son programme, ce que j'ai fait le mois d'après. J'ai lu des milliers de posts instagram en deux ans, liké des dizaines de pages facebook et acheté 3 programmes de sport. J'étais persuadée que mon combat était le bon. Mais un contre temps s'est ajouté puis imposé à toute ma bonne volonté et j'ai découvert l'orthorexie. Et ça, ça n'était pas prévu.
Je vais surement m'attirer les foudres en écrivant ces lignes, ce trouble alimentaire étant seulement reconnu par le corps médical depuis peu. L'orthorexie est donc un trouble du comportement alimentaire que se caractérise par une obsession de la nourriture totalement saine en rejetant toutes formes de transformations possible. C'est ce que je suis devenue malgré moi.
Ça a commencé en me renseignant sur les aliments trop calorifiques, trop sucrés puis sur ceux dit "interdits". Aux rythme de mes lectures que je croyais saines, je me refusais de plus en plus de choses au profit d'autres aux indices glycémiques bas. Ça s'est terminé par une obsession pour toutes les étiquettes nutritionnelles, du paquet de céréales aux flocons d'avoines, des haricots verts aux boites de légumineuses. J'étais constamment en quête du moindre sucre caché, à la chasse aux matières grasses : à la fin de l'année 2016 j'étais dans une telle spirale que le seul petit plaisir que je m'offrais se trouvais à fin de mes repas, un carré de chocolat noir 90% qui devenait complètement vital sans que je comprenne vraiment pourquoi.
Tous les soirs à table je combattais mes parents. Du taboulé, non surtout pas de glucides le soir, des raviolis, quelle torture... Je suis devenue machinale, convaincue que manger était uniquement un acte humain nécessaire et non un plaisir. J'étais persuadée d'avoir trouvé mon mode de vie idéal. Je suivais de plus en plus de compte motivation, je lisais de plus en plus de conseils "diétiétiques" en me répétant que si mes résultats étaient si lents c'était parce que je ne me privais pas encore assez, j'étais capable de mieux.
L'engrenage c'est retourné contre moi. J'ai refusé presque toutes les sorties avec mes amis, culpabilisé au moindre bout de pain ingurgité. J'alternais entre crises boulimiques honteuses et phases orthorexiques sévères en tentant de faire toujours plus. Sans aucune émotion, je contemplais les broccolis vapeur, quinoa et lentilles en étant sûre de vouloir tout faire pour maigrir. En novembre ça s'est intensifié et en décembre mon corps ne suivait plus et non, le mental ne m'a pas soutenu cette fois. J'étais épuisée de toutes les façons, et le yoyo tant redouté s'est enclenché. Moi, tellement anxieuse de grossir, presque phobique de manger un peu de gras j'ai vu mon corps se transformer à nouveau, abîmé par autant de privations et de maltraitance.
Aujourd'hui, je lis toujours les posts instagram. Je like toujours des photos motivation. Il m'arrive encore sans pouvoir m'en empêcher de pencher la tête vers une petite étiquette. La différence, c'est que je me suis désabonnée de s comptes prônant la maigreur et j'ai choisi de suivre des personnes ayant plus ou moins la même morphologie. Je n'ai plus peur de manger un peu de fromage, je suis moins obsédée par le chocolat, je tente de trouver cet équilibre que j'ai toujours cherché. L'épée de Damoclès qui planait au dessus de ma tête s'éloigne au fur et à mesure que j'avance vers la guérison. Ne croyez pas tout ce que vous lisez sur les réseaux. Ne tentez pas de "sèche" si vous n'êtes pas professionnel, faites ce qui vous fait envie et surtout faites le avec plaisir.